Cette pensée est très répandue, c’est pourquoi tu as pu l’entendre. Pourtant, cette phrase pose problème et ce, pour plusieurs raisons.

D’abord parce qu’elle donne à croire que c’est la faute de la personne si elle a été agressée, « qu’elle l’a bien cherché », puisqu’elle avait mis une mini-jupe. Mais quel que soit ta tenue, ton comportement, tu n’es PAS responsable de l’agression que tu subis. Que ce soit une agression verbale, physique ou sexuelle, la personne responsable c’est celle qui agresse, c’est celle qui franchit les limites et qui a un comportement violent. NON, ce n’est pas la faute de la fille en mini-jupe si elle est agressée.

Ce genre de phrase est aussi problématique parce qu’il véhicule des stéréotypes sexistes sur les hommes et les femmes. Par exemple, le stéréotype selon lequel les hommes auraient plus de besoins sexuels que les femmes et ne sauraient pas les contrôler. Ce serait donc aux femmes d’être moins « attirantes » pour éviter d’être agressées ; par exemple ne pas porter de mini-jupe. Les hommes n’ont pas plus de besoins sexuels que les femmes, d’ailleurs on parle de désir sexuel et pas de besoin. On peut vivre sans sexualité alors qu’on ne peut pas vivre sans nourriture, par exemple. Les hommes, comme les femmes, peuvent contrôler leur désir sexuel et respecter le consentement de l’autre. Sinon, il ne s’agit plus de sexualité mais de violences sexuelles.

Rendre coupable la personne en mini-jupe alors qu’elle est en fait la victime d’une agression, c’est un processus courant qui est lié à ce qu’on appelle la culture du viol. La culture du viol, ce sont tous les discours, comportements et attitudes partagés par un grand nombre de personnes, qui tendent à excuser, banaliser, approuver voire encourager le viol et les violences sexuelles.

Cette culture du viol est partout, dans ce type de phrase mais aussi dans les chansons, les films, etc. Elle façonne l’imaginaire collectif, l’éducation. Difficile d’y échapper !

Pourtant les conséquences de la culture du viol sont nombreuses et néfastes :

– les viols et les violences sexuelles sont fréquents ;

– les agresseurs sont peu dénoncés et très peu condamnés ;

– les personnes agressées sont mises en cause et culpabilisées.

Maintenant que tu sais pourquoi ce genre de phrase existe et quelles en sont les conséquences, tu peux faire le choix de ne pas véhiculer ces idées à ton tour. Si tu en as envie, tu peux discuter avec les personnes que tu entends dire ça et les inviter à réfléchir à ce sujet.

Si tu es scolarisé·e, tu peux aussi demander à tes enseignant·es, à ton infirmièr·e scolaire d’organiser un débat sur ces sujets ou bien demander à avoir des interventions d’éducation à la vie affective et sexuelle si tu n’y as pas eu accès. Des professionnel·les peuvent intervenir dans ta classe pour ouvrir des espaces de discussions sur ces thématiques. Tu peux aussi continuer à t’informer via internet, des livres, les réseaux sociaux ou en venant dans un centre de planning familial pour échanger avec un·e conseiller·e.

Stop à la culture du viol ! Place à une culture du consentement, respectueuse des limites de chacun·e, de son corps, de ses besoins et de ses désirs !