La violence dans une relation peut concerner tout le monde : hétéro comme homo, jeunes comme plus âgé·e·s, personnes de tous les milieux socio-économiques et culturels. Elle peut être d’ordre familial, amical ou se dérouler au sein du couple.
Elle peut passer par différentes phases appelées « cycle de la violence ». Il y a des moments violents, mais aussi des moments où la personne agresseure est agréable et aimante, ce qui peut rappeler le début de la relation, avant le premier épisode de violences. Ce sont ces moments qui peuvent faire reprendre espoir et donner envie de rester ensemble. Mais en général, à un moment ou à un autre, les phases de tensions et d’agressions reviennent.
En lui-même, ce cycle est épuisant. Il crée de la confusion dans les émotions et dans les pensées. Il est souvent très difficile de sortir de ce type de relations, mais pas impossible. Si tu en es victime, ou si tu te reconnais dans le rôle de la personne agresseure, n’hésite pas à en parler, à demander de l’aide.
Voici quelques exemples de comportements qui peuvent correspondre à ces différentes phases :
Phase de lune de miel
Séduction, coup de foudre, passion, découverte de l’autre…. C’est un moment où tu peux te sentir bien, enthousiaste, et avoir envie de passer beaucoup de temps avec ton ou ta partenaire. La personne agresseure se montre sous son meilleur jour, prend très vite une place très importante dans ta vie.
Elle se rend petit à petit indispensable, t’éloignant parfois d’autres proches ; famille et ami·e·s. Il peut déjà y avoir des comportements de contrôle qui passent inaperçus ou qui ne te dérangent pas encore. Par exemple : tu peux trouver attentionné que ton ou ta petit·e ami·e t’écrive 10 textos par jours pour savoir ce que tu fais, avec qui et où tu es, et à quelle heure tu rentres ; cela peut te plaire qu’il ou elle te dise préférer te voir habillé·e comme ci ou comme ça.
Phase de tensions
Les comportements de contrôle se multiplient. Petit à petit et de moins en moins subtilement, la personne violente va faire en sorte que les choses soient faites à sa façon (sorties, fréquentations, etc.). Ton mari ou ton épouse peut aussi changer d’humeur de manière incompréhensible, faire des critiques qui ne sont pas toujours cohérentes : reprocher tout puis son contraire. Tu peux aussi te sentir perdue, brouillée, douter de tes envies et de tes goûts, et commencer à avoir peur de ce qu’il va se passer ou d’avoir fait quelque chose de mal.
Phase d’agressions
Les agressions peuvent être de différentes natures: physiques, sexuelles, verbales et psychologiques. Les agressions psychologiques sont par exemple :
- la culpabilisation : « t’as tout gâché », « t’es pas drôle » ;
- l’indifférence : faire la gueule sans explications ;
- les regards menaçants ;
- le chantage : « si tu m’aimais tu ferais ça », etc.
C’est important de s’en rappeler : la violence, ce n’est pas seulement des insultes et des coups ; la personne contrôlante peut être très violente et instaurer la peur sans lever ni la main, ni même le ton, juste par les mots, et des manipulations. Tu peux ressentir de la culpabilité et te croire responsable de ce qu’il se passe.
Tu peux aussi éprouver de la honte : tu pensais peut-être que jamais ça ne t’arriverait. Ton conjoint ou ta conjointe peut rentrer en conflit avec ton entourage ou ne plus vouloir le fréquenter. Au contraire il ou elle peut être contrôlant·e et violent·e avec toi mais adorable avec tes proches. Tu peux alors te sentir isolé·e ou penser que personne ne te croira si tu racontes ce qu’il se passe dans l’intimité de votre relation.
Phase de justifications
La personne violente sait qu’elle a fait du mal. Elle peut avoir peur de te perdre. Elle entre alors dans une phase de justifications. Dans un premier temps, elle cherche parfois des explications extérieures : « J’ai passé une mauvaise journée, je ne vais pas bien en ce moment ». Elle peut aussi inverser les responsabilités : « J’ai fait ça, je n’aurais pas dû, mais c’est parce que tu m’as rendu fou » ; « tu sais que je suis jaloux, si tu parles avec d’autres personnes ça me fait péter les plombs… ». Même si tu as fait quelque chose considérée comme « pas bien », rien ne justifie d’être traité·e avec violence dans une relation ; ce n’est donc jamais de ta faute si tu prends un coup, une insulte, si tu te fais maltraiter. Il y a d’autres manières de traiter les désaccords, les conflits et la colère.
Parfois aussi dans cette phase, ton compagnon ou ta compagne reconnaît qu’il ou elle a fait du mal, s’excuse, explique qu’il ou elle se sent très mal de ce qu’il/elle a fait, etc. Cela peut entraîner chez toi une envie de le/la consoler. Tu peux finir par te dire que ce n’est pas si grave.
Phase de lune de miel, le retour
C’est un moment où les choses redeviennent « comme avant » : pour un temps, le ou la partenaire contrôlant·e est de nouveau dévouée, aux petits soins, aimante et rassurante, et cela recrée de l’attachement et de l’espoir. Il peut y avoir des envies de nouveaux projets (bébé, vacances, déménagement etc.). Ton copain ou ta copine fait des promesses (« ça ne se reproduira plus »), donne des preuves et des témoignages d’affection forts, mais aussi de dépendance et de fragilité ( « tu es tout pour moi »). Tu peux te sentir soulagé·e, amoureux.se, tournée vers l’avenir en pensant que ça ne recommencera plus.
Mais à un moment ou à un autre, les choses se dégradent à nouveau et progressivement ou brusquement, les phases de tensions, puis d’agressions réapparaissent… C’est pour cela qu’on parle de cycle, voire de spirale puisqu’au fil des répétitions les phases de lune de miel s’espacent ou disparaissent complètement alors que les phases de tensions et d’agressions elles, prennent de plus en plus de place dans le cycle. Cela peut s’intensifier avec le temps et être très destructeur. Tu peux te sentir très dévalorisé·e, plus capable de rien.
Sortir du cycle ça peut être compliqué pour différentes raisons qui peuvent être par exemple :
- une dépendance économique, matérielle ou administrative
- les enfants ;
- la peur des représailles ;
- l’importance du couple dans la société (dur d’assumer le célibat) ;
- peur de s’isoler d’une communauté ou d’un entourage commun en se séparant ;
- l’amour ;
- le manque de confiance en soi ;
- le sentiment de responsabilité ;
- l’espoir de changement ;
- l’isolement, etc.
Face à cela, tu peux te faire aider. N’hésite pas à prendre contact avec des associations de soutien aux victimes de violence, comme SOS femmes 13 à Marseille, Istres ou Aix-en-Provence, l’association Parenthèse à Antibes, l’Abri Côtier à Nice ou l’un des CIDFF de la région. Tu peux aussi te rendre dans un centre de planning familial ou d’appeler le 3919. Retrouve leurs contacts sur la cartographie.